Jean-Joseph Lacoeuilhe – 13 février 2018
Notre collègue et ami Jean-Jo Lacoeuilhe nous a quittés le 13 février 2018, à l’âge de 80 ans. Diplômé de l’Ensa-Montpellier, il est embauché à l’Ifac au service d’analyses minérales dirigé par Pierre Martin-Prével à Nogent-sur-Marne.
En 1970 il concrétise son envie de travailler sur le terrain et rejoint en Côte d’Ivoire la station ananas d’Anguédédou. Jean-Jo contribue alors aux grandes heures de la filière ananas à laquelle il apporte ses compétences d’agronome. En 1976, c’est à la production d’ananas de Martinique qu’il apporte son savoir. Sa curiosité scientifique et son intérêt pour les approches pluridisciplinaires le conduisent à devenir un artisan majeur du développement du programme d’amélioration génétique de l’ananas à l’Irfa et d’une coopération fructueuse avec le Brésil. Jean-Jo se lance alors avec Claude Py et Claude Teisson dans l’écriture d’un ouvrage majeur, L’ananas : sa culture, ses produits, édité chez Maisonneuve & Larose (1984), qui rassemble les connaissances de toute une génération de chercheurs sur l'ananas. Plusieurs fois réédité et épuisé, traduit en anglais et espagnol, ce livre fait encore référence et l’Université d’Hawaï, acteur majeur de la recherche sur ananas, plus de 30 ans après sa première publication l’a mis en ligne pour qu’il reste accessible à la communauté scientifique.
L’attrait de Jean-Jo pour l’Afrique le conduit à nouveau en poste à l’Anguédédou (Côte d’Ivoire) de 1983 à 1988, ses centres d'intérêt scientifiques sont alors tournés vers le travail du sol et l'enracinement de l'ananas comme facteurs déterminants de la croissance de la plante. Il est proposé par le ministre Kéhé Martin au mérite agricole de Côte d’Ivoire. Il initie une coopération avec l’Université d’Hawaï où Eric Malézieux réalisera un post-doc en modélisation et soutient la collaboration de l’Irfa avec le Cea de Cadarache sur la photosynthèse de l’ananas mise en œuvre par Jean Marchal. De retour à Montpellier en 1988 il succède naturellement à Claude Py en qualité de chef du programme ananas de l’Irfa. Affecté à la direction scientifique du Cirad en 1992, où il remplace Christian Piéri comme responsable de la mission Ager (Agronomie, gestion de l’environnement et des ressources naturelles), il développe une approche « moderne » de l’agronomie et organise, en décembre 1995, avec Jean-Pascal Pichot et Nicole Sibelet, l’important colloque Fertilité du milieu et stratégies paysannes sous les tropiques humides. Sa carrière se termine en Guadeloupe où il s’intéresse au fonctionnement des filières et des territoires, s'éloigne du fait biotechnique et se rapproche volontairement des sciences sociales pour percevoir toutes les dimensions des agrosystèmes et de leurs évolutions. Son intérêt pour l’ananas et notre institution ne faiblissait pas, et l’année dernière il s’était réjoui du recrutement d’une jeune agronome pour poursuivre les recherches du Cirad sur l’ananas.
Esprit fort et indépendant, philosophe, parfois sarcastique, d'une grande générosité envers ses amis, Jean-Jo était amateur et collectionneur d'art contemporain, d'arts premiers africains, mais aussi passionné de musique classique et de jazz. Il a fait partie de l'association des Amis du musée Fabre et publié dans la revue de cette association sur des œuvres et des artistes contemporains. Jean-Jo aimait beaucoup l'Afrique, et toutes les complexités et la richesse du continent le fascinaient. Sur les dernières années de sa vie, c'est la montagne et les grands espaces d'altitude qui lui apportaient le calme.
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