Avenue de l’Indépendance, 8 heures du matin face à l’Hôtel de France, une fraîche journée d’Août vient de commencer…

Forme sombre et sans vie apparente, il est posé sur un banc, enveloppé de haillons, jambes et pieds nus noirs de crasse, ballants au-dessus du trottoir. Il a les épaules recouvertes d’un vieux sac de jute sale et déchiré qu’il serre obstinément contre sa poitrine pour lutter contre le froid qui le fait grelotter en dépit des rayons encore timides du soleil qui vient juste de percer les brumes matinales noyant la ville.

Le visage barbouillé de morve et de trainées de larmes mal séchées, il somnole, insensible à la foule des piétons qui se bousculent autour de lui et au vacarme des voitures qui monte de la chaussée.

Soudain vaincu par le sommeil et la fatigue, il s’endort et sa tête tombe lourdement sur sa poitrine : la secousse le fait se réveiller en sursaut, il ouvre les yeux, avec l’air hébété de celui qui se demande où il est et ce qu’il fait…Il regarde ses petits camarades disputant en criant les quelques pièces de monnaie mendiées auprès des voitures arrêtées vitres ouvertes au feu rouge voisin, il les regarde, mais il ne les voit pas…
En fait, il ne voit rien, son regard est mort, vide de toute lumière, empli par contre d’une immense détresse qui lui dévore les yeux qu’il a maintenant, grand ouverts: il n’attend rien, n’espère plus rien, misérable, laissée pour compte du sous-développement des pays du tiers-monde.

Un policier rigolard, lunettes noires à la Ray Charles et cigarette à la bouche, le secoue sans ménagement : il ne faut pas qu’il reste là…

Sans haine, sans hâte, il se lève, rassemble ses guenilles, et en trébuchant, petit fantôme tragique des rues de Tananarive, il s’éloigne, se fondant dans la foule colorée, à la recherche d’un nouveau refuge…

L’objectif visé par l’aide internationale aux pays en développement est-il réellement de permettre à nos partenaires nationaux de rallumer la petite flamme de l’espoir dans l’œil de ces enfants perdus ?

NB. Au 30/04/15, l’UNICEF est bien présente à Madagascar, au service de l’enfance en difficulté : son représentant loue une villa résidentielle à 4.000 euros/mois et le dernier projet financé consiste en une « évaluation de l’image de marque du Bureau UNICEF d’Antananarivo… » NO COMMENT !


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