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La publication de l’ouvrage de René Tourte Histoire de la Recherche agricole en Afrique tropicale francophone et de son Agriculture, de la Préhistoire aux Temps modernespar les éditions L’Harmattan est l’aboutissement d’une longue histoire qui mérite d’être contée. (Pour accèder à cette nouvelle édition, veuillez cliquer sur le titre de l'ouvrage).

Elle fait valoir la ténacité de l’auteur qui a surmonté bien des phases de découragement grâce au soutien continu de son épouse Christiane, de son ami Maurice Tardieu et à l’implication généreuse et collective de collègues, d’amis, de personnalités convaincus qu’une telle œuvre ne pouvait être pleinement valorisée qu’avec une édition papier.

Tout commença en 2005 quand la FAO, commanditaire de l’ouvrage auprès de René, après en avoir édité le volume I, fit savoir qu’elle ne publierait pas les volumes suivants, et ce malgré les interventions de Henri Carsalade, Gora Bèye et Jacques Eckebil. En 2012, le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, appuyé par le Président Abdou Diouf, alors Secrétaire général de la francophonie, s’engageait néanmoins à faire publier électroniquement les volumes II à VI (sortie effective le 28 février 2012). De plus, en mai 2012, grâce au Dr Modibo Traoré, ancien ministre malien, alors sous-directeur général du département de l’agriculture et de la protection des consommateurs, sensibilisé par Djibril Aw, cadre de la Banque mondiale, ancien directeur de l’Office du Niger, et à la contribution de Madame Bérengère Quincy, ambassadrice française auprès de la FAO, le livre parut dans son intégralité sous forme d’un CD-Rom.

L’édition numérique était incontestablement un acquis, mais sa consultation diffère de celle d’un ouvrage papier. Elle touche principalement des lecteurs butineurs fervents de la recherche par mots-clefs et de la pratique du copier-coller. L’ouvrage avec son ambition encyclopédique et sa volonté de faire connaître l’importance de la contribution agronomique des paysannats africains, comme celle de générations de botanistes, d’expérimentateurs, de scientifiques, de développeurs... s’adresse aussi à des lecteurs prenant le temps d’une lecture naturelle, livre en main. Aussi, l’édition numérique se devait d’être complétée d’une publication papier. Plusieurs voies ont dû être empruntées pour atteindre enfin le but souhaité.

La voie CTA, Centre technique de coopération agricole et rurale, de Wageningen

Ce fut la première voie explorée, sous l’impulsion de Jacky et Francis Ganry qui contactèrent en mars 2012 le CTA pour une publication papier. La démarche n’eut pas de succès, le nouveau directeur venant d’en changer les orientations. Le CTA salua néanmoins élogieusement la sortie de l’ouvrage en le présentant comme « Une histoire monumentale » dans sa revue SPORE. Quelques années plus tard, Eric Tollens membre du conseil d’administration du CTA, sollicité par Francis Ganry, revint à la charge auprès du CTA, avec le même insuccès.

La voie française

Un certain nombre de collègues s’engagèrent auprès de René Tourte à la recherche de financements et de soutiens institutionnels tels Patrick Caron, Jean-Pierre Gaillard, ainsi que Gérard Mottet, membre de l’Académie des sciences d’outre-mer. Leurs démarches ne donnèrent pas les résultats escomptés. Par ailleurs, début 2015, Christian Feller, Thomas Mourrier de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et Jacques Chantereau commencèrent à travailler avec René Tourte à une version plus grand public de l’ouvrage à éditer dans une collection de l’IRD. Le changement de direction de cet Institut et de sa politique éditoriale mit un terme au projet.

De son côté, René, impatient de visualiser son ouvrage sur papier, fit exécuter deux mini-tirages personnels pour les proches et amis, le premier en octobre 2013 et le second en septembre 2016. Par ailleurs, il diffusa, en février 2019, un résumé de son ouvrage en anglais à destination d’un public universitaire anglophone.

La voie sénégalaise et le FIDA

En 2016, Francis Ganry, membre du CST (Comité scientifique et technique) de l’ISRA (Institut sénégalais de recherches agricoles) sensibilisa cet institut au problème de l’édition de l’ouvrage. Ainsi, se constitua une équipe composée de trois membres du CST (Francis Ganry, Aboubakry Sarr et Abdoul Aziz Sy) qui introduisit un dossier de soutien à la publication papier auprès du directeur général de l’ISRA et de son directeur scientifique, respectivement Alioune Fall et El Hadj Traoré dont le rôle a été décisif en acceptant de porter le dossier auprès du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Pape Abdoulaye Seck, et de son secrétaire Dogo Seck. Trois options assorties chacune de proforma furent envisagées avec la DG de l’ISRA : MAER (Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural) sur requête de la DG de l’ISRA qui avait marqué son soutien dès les premières heures ; FNRAA (Fonds national de recherches agricoles et agro-alimentaires) à travers son directeur général sous la forme de contribution et ; FAO à travers sa représentation pays et celle de son bureau régional (FAO au Sénégal & FAORAF à Accra). In fine, c’est Dogo Seck, appuyé par Gora Bèye, qui paracheva le travail en obtenant un soutien financier du FIDA (Fonds international de développement agricole) grâce à son dynamique directeur dakarois, Benoit Thierry. Dans ces conditions, L’Harmattan se déclara intéressé par la publication de l’ouvrage. En fait, une édition en 500 exemplaires vient de sortir le 6 novembre 2019, sous forme de quatre volumes (3 380 pages !). Ce livre, fondamental par sa richesse unique d’informations historiques et scientifiques, va enfin être diffusé auprès d’institutions culturelles et universitaires et mis à la disposition de tous les types d’acteurs du développement agricole à travers le monde et notamment en Afrique.

 


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