L’histoire se déroule à l’ex-Ira (Institut de Recherche Agronomique) qui est devenu en 1996 l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (Irad).

Au bureau du Programme Fruits, j’avais reçu une demande d’accompagnement technique de la part d’un usager pour un projet de verger fruitier alors que Jean Yves Rey qui était Chef du Programme était en congé. Il était question de planter plusieurs centaines d’hectares de diverses espèces fruitières (100 ha de papayers solo, 250 ha de manguiers, 300 ha de goyaviers, 500 ha d’agrumes etc…) avec du matériel végétal provenant de l’Institut qui devait en outre apporter un appui technique. A y réfléchir avec François Damesse, nous étions très étonnés mais aussi désemparés et cherchions à rencontrer le promoteur de ce projet. Le jour où nous avions enfin pu discuter avec ce dernier, il n’avait pas reculé d’un pouce malgré tous nos arguments pour essayer de le persuader à revoir à la baisse ses ambitions. Il trouvait totalement ridicule qu’on lui propose de commencer par faire au maximum 5 ha de chacune des espèces.

« Ce n’est pas une question de moyens » disait-il. « J’ai ce qu’il faut et j’ai des partenaires ».
Comme c’était en période de production et que le verger expérimental de Minkoameyos était en fruits, nous avons proposé, François et moi de l’inviter à faire un tour au verger pour le cas où il ne saurait pas de quoi il est question lorsqu’on parle d’un hectare. Il y avait alors une parcelle d’un peu moins d’un hectare de goyaviers en collection dont nous avions du mal à ramasser les fruits avec une dizaine d’ouvriers. Comme il se montrait toujours irréductible, nous sommes allés, sur sa demande visiter le site du projet pour nous rendre compte que c’était une forêt secondaire en friche et d’accès difficile. Ne parvenant toujours pas à le convaincre de revoir son projet à la baisse, je me suis rapproché de Monsieur René Kaiser qui était alors Chef du Service de Recherche à la Direction de l’ex-Ira pour son conseil. Alors ce dernier avait réagi immédiatement et c’était tellement bien dit que je m’en souviens comme si c’était hier « Jean, de deux choses l’une, ou c’est un idiot ou c’est un escroc, lâches-le, nous ne pouvons cautionner une telle folie ! ».

Jean Kuate, Coordonnateur Scientifique en charge des Cultures Pérennes à l’Irad

27/04/2016


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