Que nous soyons agnostiques, catholiques ou d'une autre religion, les curés de nos paroisses en Afrique ont toujours participé de près ou de loin, à notre vie sociale. Nous leur sommes redevables de nos baptêmes, communions, mariages, voire obsèques ! Les religieuses aussi nous furent – ou nous sont encore – proches, toutes dévouées à leur vocation sociale pour l'école et la santé, ou simplement recherchées pour leur connaissance du milieu local. Il est juste de se souvenir d'elles et d'eux, d'honorer leur mémoire, ou de rappeler qu’ils ou qu’elles sont peut-être toujours à l’œuvre. Nous l'avons déjà fait pour soeur Chantal au Sénégal, pour sœur Thérèse au Cameroun. Nous continuons ici avec le Père Durand qui a œuvré parmi l’ethnie sérère au Sénégal.

 Le Père Durand fut curé au Sénégal, à Diourbel de 1955 à 1975, puis à Bambey jusqu’à sa mort, en 1989. Je vous invite à lire l'article publié dans la revue Horizons africain. La vie catholique peredurandau Sénégal de mai 1969, que lui a consacré le Père Barras. En plus de sa foi chevillée au corps, il fut localement un bâtisseur, un anthropologue et un linguiste, dont les réalisations furent exploitées par les artisans ou scientifiques dans leur domaine respectif.

Photo 059Il conçut une maison à étage, climatisée et pouvant stocker à l'étage des sacs de céréales, et à en supporter le poids. Construite en briques fabriquées traditionnellement, sa particularité était un double mur avec un interstice d'environ cinq centimètres permettant de garder la fraicheur nocturne et d’empêcher la chaleur diurne d'entrer (principe du double vitrage). Ce mur constituait aussi une assise solide pour le plafond, une épaisse dalle faite de matériaux locaux, poutres en bois et argile. Cet étage, dont les murs étaient en bois, était un grenier à céréales. On y accédait avec une échelle de meunier. Enfin, un toit de chaume épais et débordant largement sur la bâtisse, assurait l'étanchéité à la pluie et au soleil.

Spécialiste du monde sérère, il en apprit la langue et aurait contribué à son écriture. Ses connaissances sociologiques sur cette ethnie furent largement appréciées. Dans la thèse de doctorat sur la christianisation en pays sérère soutenue par Diégane Sene à l'université de Lyon, en 1997, il est cité à quatre reprises. On raconte même qu'il avait une telle connaissance de la localisation des baobabs « cimetières » des Griots, que des anthropologues de la faculté de Dakar lui demandèrent de les conduire vers ces baobabs pour y descendre à l’intérieur… de nuit bien sûr, et clandestinement !

                                                                                                                                              Francis Ganry

                                                                                                                                               Avril 2020


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