Dominique, agent du CARID en poste à Madagascar est découragé : comme toutes les mégalopoles de la planète, la Capitale décidément est devenue invivable ! La ville en effet n’est que tumulte et vacarme, cohue et agitation, tension et violence, poussières et fumées… ! Dans un tel contexte, arriver à l’heure à un rendez-vous, par exemple, relève de l’exploit !

S’y rendre à pieds, c’est le parcours du combattant…Il s’agit de se frayer un chemin au milieu de la foule colorée et indifférente qui se presse et bouscule, mesurer chaque pas sur un trottoir encombré et souillé, contourner les obstacles imprévus érigés au détour d’une rue, sur le devant d’une boutique : groupe de jeunes gens chahuteurs, carrioles chargées de marchandises, porteurs anonymes et vacillants masqués par leur fardeaux disproportionnés, caisses de légumes mal arrimées et carcasses sanguinolentes de bœufs abattus…

Et que dire de la misère, omniprésente, avec ces nombreux mendiants qui sollicitent à tout instant la générosité méfiante du passant, enfants en guenilles, obstinés et implorants, adolescents volontiers menaçants, adultes pitoyables, souvent allongés à même le sol sur de pauvres grabats en carton… ?

Sans compter enfin sur la violence, toujours sous jacente et qui explose au moment où la vigilance s’est assoupie, sous les traits de jeunes pickpockets habiles ou de petites équipes de délinquants agressant en toute quiétude le promeneur isolé, affaibli et résigné, ou l’étranger bien trop naïf !

Il est vrai que les forces de l’ordre paraissent étrangement absentes et en tout cas bien discrètes mobilisées qu’elles sont aux carrefours les plus chauds ou semblant préférer « s’occuper » des automobilistes aisés aux abords des quartiers bien fréquentés

Circuler en voiture c’est presque pire !
La ville n’est qu’un gigantesque embouteillage monstre inhumain construit de milliers de véhicules entrelacés, vociférant d’un concert de klaxons agressifs ou désespérés, presque immobiles sous le soleil et la pluie ! Progresser relève du miracle tant le blocage paraît total, le respect des règles élémentaires du Code de la route ou même de la courtoisie tout bête semblant oublié depuis longtemps : chacun fait ce qu’il lui plaît, s’arrête et circule n’importe comment, n’importe où, bus et taxis arrogants, véhicules de livraison stationnés au milieu de la chaussée ! Sens interdit, clignotant, tout cela ne semble guère exister…

Tout n’est plus que klaxons !
C’est la loi du plus fort, priorité à celui qui passe !
Et que dire enfin de cette nouvelle race d’automobilistes, hautains et absents, la cigarette d’une main, le téléphone portable collé sur l’oreille de l’autre, et qui ignorent superbement le fait que leur belle voiture indument engagée sur un carrefour bloque tout le trafic…

Après des heures d’angoisse et d’émotion, Dominique enfin arrive à son rendez-vous ! Las, c’est pour constater que son interlocuteur, lui, n’y est pas encore ! Le voici pourtant, une heure ou deux heures après, avec un sourire confus et l’inévitable alibi « quels embouteillages !... » Ou alors, il ne vient pas du tout et Dominique attend en vain…Interrogé au téléphone, son interlocuteur lui répond alors en riant que le Rendez-vous, et bien, c’était pour demain ! Dominique s’était trompé ! Bête n’est ce pas…

Non, décidément, Dominique ne se fera jamais à cette grande ville : il est vraiment devenu impossible de vivre et travailler…à Paris !


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