par Hugues TEZENAS du MONCEL
C’était il y a plus de 50 ans… des scouts dont faisait partie un ami, m’ont demandé si je ne voulais pas venir avec eux pour aller construire une école à Mata Moulana « don de Dieu » !!! Mata Moulana est au centre de la Mauritanie et, à l’époque, c’était impossible d’y arriver en voiture classique, aucune route n’existant.
Étant né en Afrique, je ne vis dans cette proposition que la possibilité d’y retourner ce dont j’ai toujours eu très envie.
Notre voyage fut épique compte tenu des moyens financiers que nous détenions. Il ne pouvait être question de prendre l’avion ; nous nous sommes donc rabattus sur la traditionnelle compagnie des Eaux : la Cie N. PAQUET de Marseille dont les bateaux desservaient la côte ouest de l’Afrique.
Nous étions dans la 3e classe du bateau avec des amis africains qui rentraient chez eux et qui nous ont permis de voir le temps passer très vite et nos soirées être très animées par les chants et les d’jam baies.
Après notre escale à Casablanca, nous avons fini par arriver à Dakar. Le lendemain un avion de l’armée nous attendait pour nous déposer à Nouakchott. Les 3 semaines passées à Mata Moulana (après y être arrivés et en être repartis d’une manière plus qu’aléatoire), nous ont permis de bien avancer la construction de l’école.
C’est à notre retour à Dakar que nous avons été reçus à Keur Moussa.
Il nous fallut aux uns et aux autres au moins de 3 à 5 jours pour nous remettre de notre fatigue. Certains d’entre nous furent évacués très rapidement en France ; un autre fut heureux d’apprendre que finalement il n’avait pas été piqué par un scorpion ; nous avions tous perdu de 5 à 20 kg.
Nous sommes arrivés au « paradis » dans ce monastère où il y avait à profusion de quoi se nourrir et boire, mais aussi, les soirs, des serpents (inoffensifs ?) qui venaient profiter de la chaleur du « trottoir » qui nous permettait d’accéder à nos chambres.
Il nous fallut bien 2 à 4 jours pour nous rendre compte que c’étaient des Moines qui nous recevaient et qui, à partir de ce monastère, nous nourrissaient et nourrissaient aussi de nombreuses familles en difficulté.
Leurs journées étaient consacrées non seulement à leurs activités religieuses, mais aussi à produire de quoi nourrir tous ceux qu’ils recevaient.
Dès le matin nous étions invités à venir avec eux pour « battre » les blés, orges et autres céréales qui avaient été récoltés et qui devaient être conservés sous terre après avoir été battus de longues heures en sautant indéfiniment sur eux. Ces sauts nous permettaient d’aborder avec eux de nombreuses discussions qui touchaient aussi bien aux sujets spirituels qu’à la vie courante.
Je les remercie encore pour tout.