Le Bourdellès Joël

Notre collègue Joël le Bourdellès nous a quittés le 19 octobre 2023 à St Grégoire (Ille-et-Vilaine) à l’âge de 95 ans.

Il est né le 8 novembre 1928 à Lyon au sein d’une fratrie de trois enfants (une sœur et un frère médecins) de parents dont la maman était mère au foyer et le papa médecin général.

Après des études secondaires aux lycées Montaigne, Louis le Grand et une prépa à Ste Barbe à Paris, Joël est reçu en 1949 au concours d’entrée à l’école nationale supérieure d’horticulture de Versailles (ENSH) dont il sort avec le diplôme d’ingénieur horticole en 1952 (75^e promotion).

De 1952 à 1954, il est recruté par la mission des terres australes françaises dirigée par M. Sicaud pour mettre en place aux îles Kerguelen dans l’Antarctique un dispositif de recherche-développement sur la production d’arbres nains et de légumes sous abris destinés à alimenter l’équipe des 18 membres de la mission.

De 1955 à 1956, il fait son service militaire au 2^e régiment de dragons à Saumur et en Algérie puis se marie en 1956.

De 1956 à 1967, il est recruté par l’Institut des fruits et agrumes coloniaux (Ifac devenu Irfa) dirigé par Richard Guillerme en qualité d’agronome chercheur sur les fruits tropicaux. Il exerce ses activités en Guinée (station de Foulaya), en Equateur (station de Pichilingue), en Guyane (station de Montsinéry) et en Guadeloupe (station de Neufchâteau). Son principal domaine de recherche portait sur les systèmes de culture du bananier et secondairement des agrumes et autres fruitiers. Ses travaux de recherche l’ont conduit à publier une vingtaine d’articles dans la revue Fruits. Parmi ses collègues de travail outre-mer on peut citer : Jacques Cassin, Claude Py, Bernard Moreau, Marc- André Tisseau, Pierre Frossard, Jacques Brun, F. d’Escayrac…

De 1967 à 1984, il est recruté par la société de mise en valeur de la Corse (Somivac) en qualité de chef de la division expérimentation. Il est responsable de deux sites expérimentaux dont la station de Migliacciaro dans la plaine orientale de l’île. Les travaux de recherches dont il a l’initiative pour répondre aux besoins de développement portent sur les agrumes (notamment le clémentinier), l’olivier et les plantes fourragères. Outre la recherche de systèmes de culture adaptés aux caractéristiques de la région Joël le Bourdellès a concentré son expertise sur les besoins en eau du clémentinier et de l’olivier et sur les différentes techniques d’irrigation. Par ailleurs, pour tirer le meilleur profit des terres à mettre en valeur par un choix judicieux des variétés et porte-greffes, il a fait dresser des cartes pédologiques très détaillées de la plaine orientale. La plupart des recherches conduites par la Somivac sous son autorité ont été construites en partenariat étroit avec les chercheurs (Cassin, Vogel) de la station Inra-Irfa de San Giuliano dirigée par un autre ingénieur horticole, Louis Blondel. Ses travaux ont fait l’objet d’une trentaine de publications dans des revues et bulletins professionnels.

De 1984 à 1989, il est recruté par la FAO en qualité de consultant-expert sur l’olivier avec des séjours de longue durée en Chine, principalement dans la province de Hubei avec résidence à Wuhan et dans la province de Jiu Fen à Taiwan.

Parti en retraite en 1989, il poursuit jusqu’en 1996 ses missions de consultant FAO notamment en Iran.

Retiré en Bretagne sur son parc bocager du Fourneau, Joël reste très actif en aidant son fils pépiniériste, mais surtout en valorisant son expérience au service de sa passion pour la protection de l’environnement et de la biodiversité. En qualité de délégué départemental de l’association « eaux et rivières de Bretagne » il est un militant très actif et reconnu dans toute la Bretagne pour ses compétences et ses analyses pertinentes des milieux à protéger. En plus, on doit souligner son travail de pèlerin botaniste qui a recensé et décrit tous les arbres remarquables d’Ille-et-Vilaine. Parmi ses hobbies, la philatélie scandinave le passionne à l’image de son épouse d’origine danoise avec laquelle il a eu trois enfants (Gaud, Saga, Yann).

Joël était, dans le cercle rapproché de sa famille et de ses amis, un patriarche empreint d’un grand humanisme. Parfois distrait, il avait beaucoup d’humour et à table une faiblesse affirmée pour les desserts.

Joël le Bourdellès restera dans la mémoire de la communauté scientifique et des anciens du Cirad un exemple de l’ingénieur-chercheur soucieux de l’utilité finale de ses recherches appliquées et du partage de ses savoirs accumulés au cours de sa carrière internationale diversifiée. Pour ses amis et les bretons amoureux des arbres et de la nature, un taxonomiste et pomologue hors pair.

Que ses enfants et trois petits enfants soient fiers de leur père et grand-père et assurés de notre reconnaissance et sympathie à l’égard de notre collègue Joël le Bourdellès qui repose désormais à Paimpont en Ille-et-Vilaine.

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