Marc Le Moigne est décédé le samedi 6 octobre 2018 à Nice. Michel Eddi, Pdg du Cirad, a sollicité René Tourte pour lui rendre hommage.

Marc Le Moigne était né le 23 avril 1935 à Maule (Yvelines) à quelques encablures de Grignon (destin ?). Il vient de nous quitter ce 6 octobre après une longue maladie. Ses obsèques se sont déroulées le 11 à Nice dans la plus stricte intimité.

Après ses études secondaires et sa préparation à l'Agro au lycée Saint-Louis de Paris, Marc avait intégré en 1957 l'École nationale supérieure d'agriculture de Grignon. S'y éveille son intérêt, qui deviendra passion, pour le machinisme, selon lui facteur essentiel du progrès en agriculture. À sa sortie en 1960, il choisit d'ailleurs une spécialisation "Machinisme et Sciences économiques connexes" qu'il suit au MASEC-CNEEMA d'Antony (qu'il retrouvera dix ans plus tard ! ).

Après son service militaire, effectué en Algérie (de septembre 1960 à septembre 1962) et son mariage avec Françoise, Marc Le Moigne est recruté par l'IRAT en 1962. Il est affecté à Bambey, au Centre national de la recherche agronomique (CNRA) du Sénégal, dirigé par Louis Sauger. Dans ce Centre, les études sur la mécanisation des techniques culturales y ont été menées de très longue date, dès l'entre-deux guerres, et reprises à partir de 1948 par René Tourte, Philippe Gaudefroy Demombynes, Robert Marchand ....

 Par sa formation et ses goûts, Marc Le Moigne se voit confier la division du machinisme agricole et génie rural. Dès 1963, il contribue, aux côtés de René Tourte, à l'exceptionnel succès des Deuxièmes Journées du Machinisme agricole de Bambey. Et jusqu'en 1970, il va apporter, avec l'équipe de l'IRAT, en étroite liaison avec ses amis Robert Nicou, Alain Bonlieu et ses collaborateurs François Plessard, Koussaye Diagne, son exceptionnelle connaissance de la machine, enrichie par de très nombreuses expériences menées en des écologies, en des conditions très diverses et en liaison avec les paysannats et les professionnels du développement rural, séduits par sa grande rigueur et ses extrêmes gentillesse et humanité. Ainsi le Sénégal et plusieurs États de l'Afrique de l'Ouest lui doivent, en bonne part, le spectaculaire essor de la culture attelée et, en certaines situations, de la motorisation intermédiaire.

 En 1970, Marc Le Moigne rejoint à Antony le Centre d'études et d'expérimentation du machinisme agricole tropical (CEEMAT, rattaché au GERDAT en 1972) alors dirigé par Charles Gaury et son adjoint Georges Labrousse. Marc se voit confier, à la suite de Claude Uzureau, l'approche économique de la mécanisation, ses contraintes, ses coûts, ses atouts pour le développement économique des agricultures tropicales, notamment familiales.

Sous les directions successives de Hervé Bichat (1975), Claude Uzureau (1977), Bernard Chèze (1983), Marc Le Moigne, alors chargé de la direction technique et de la programmation, va pendant une décennie développer une extraordinaire activité de recherche, d'expertise, de conseil qui va s'étendre, en Afrique, des Îles du Cap-Vert à la Réunion, en passant bien sûr par la plupart des pays francophones et quelques anglophones, et va déborder sur l'Amérique latine, Brésil notamment, et l'Asie du Sud-Est (Philippines). Marc appuie ses activités ultramarines sur la base d'Antony, à partir de laquelle il va garder une étroite liaison avec les institutions de recherche (CNEEMA, INRA, Instituts spécialisés et, bien entendu, les Instituts qui vont former le CIRAD) et les professionnels de la construction et de l'exploitation agricoles.

Au cours des années 1980, s'amorce le glissement progressif du CEEMAT vers le Centre CIRAD de Montpellier. Les infrastructures étant assurées, l'installation définitive s'achève en 1989, et Marc Le Moigne rejoint alors sa dernière affectation au sein d'un CEEMAT bien intégré à l'ensemble CIRAD.

En 1990, le président du CIRAD, Jacques Poly, et son directeur général, Hervé Bichat, décident de la fusion des deux départements, Systèmes agraires (DSA) et CEEMAT qui, sous la direction de Jacques Lefort, vont devenir le département des systèmes agroalimentaires (SAR). Marc Le Moigne va bien entendu y jouer un rôle essentiel, puis en prendre la direction en 1994, lors du départ de Jacques Lefort, direction qu'il conservera jusqu'à sa retraite le 31 décembre 1997, remettant alors le département entre bonnes mains, à Jean-Pascal Pichot. À son départ, le directeur général du CIRAD tiendra à remettre personnellement à Marc Le Moigne la croix de Chevalier de l'Ordre du Mérite national, en hommage à ses inestimables apports à la recherche agronomique et au développement des pays du Sud. Il était déjà Chevalier de l'Ordre national du Sénégal et Officier du Mérite agricole français.

En ces pénibles moments, nos pensées émues vont à sa chère épouse Françoise qui, toute sa vie, a apporté à Marc son soutien aimant, sans faille, et à ses trois enfants et à ses petits enfants.                                                                                                            

Montpellier, le 12 octobre 2018

Michel Eddi
Président directeur général 
 1968   Collègues Sénégal 108 1968   Collègues Sénégal 114  1968   Collègues Sénégal 116  1990   Montpellier Cirad 14 


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