Nous vous informons du décès, jeudi 23 janvier 2025, à son domicile, de notre doyen René Tourte. C'est une bien triste nouvelle que le départ de cette grande personnalité humaine et scientifique qui honorait nos instituts (Cirad et IRD), la ville de Montpellier et notre pays. Nous pensons à son épouse Christiane et la soutenons.
Les obsèques de René auront lieu à Grammont le lundi 3 février à partir de 14 h 30, avec une bénédiction à 15 h 30.
Un hommage est en voie de rédaction par l'Adac.
La famille ne souhaite pas de fleurs
Hommage de René Billaz
René Tourte en mission au Sertão brésilien
Vers la fin des années 80, j’ai eu le plaisir d’accompagner René dans la visite d’un centre brésilien de recherche agronomique situé dans la zone semi-aride, soit à la latitude de Fortaleza, un bon millier de kilomètres au nord de l’embouchure de l’Amazone. Ça y est, vous vous y retrouvez ?
Pour les agronomes sahéliens, la visite du monde rural du Sertão est très instructive : des sols très proches, une pluviométrie comparable, mais des exploitations très différentes, illustrées par le fait que les agriculteurs sahéliens ne clôturent jamais leurs parcelles, et que c’est l’inverse au Sertão : des piquets et des fils de fer barbelés partout.
Et nous voilà, les deux René, à observer les paysages, les cultures et les troupeaux, discuter avec les paysans, les techniciens et les chercheurs. Je lui servais de guide, car je connaissais la région depuis plusieurs années et baragouinais un portugais « basico ».
René s’est régalé : la chaleur de l’accueil, si caractéristique du Brésil, y était aussi beaucoup, auquel contribuait la « caïpirinha », un apéritif à base d’alcool de canne à sucre très efficace pour contribuer à la chaleur humaine, l’équivalent brésilien du « roncito » des Vénézuéliens et de leurs voisins.
Cette mission nous a beaucoup rapprochés. À Bambey, le bizut que j’étais quand j’y suis arrivé, en 1955, n’avait pas de relations professionnelles avec toi : tu n’étais pas mon patron, et nos huit ans d’âge de différence n’aidaient pas à mieux se connaître.
Ce n’est qu’une vingtaine d’années après, que nos chemins se sont de nouveau croisés, à Montpellier, où se retrouvaient de nombreux chercheurs des onze « tribus gauloises » qui allaient en 1984 constituer le Cirad. Moi j’y étais au titre de l’Ifarc, créé par Jacques Alliot et Jacques Lefort pour la formation des chercheurs français et étrangers.
Retrouvailles chaleureuses, amicales, dont je garde un excellent souvenir. Au Cirad, dont tu dirigeais avec l’ami Jacques Lefort le département des systèmes agraires, tu as pu valoriser toute l’expérience accumulée depuis les « unités expérimentales du Sine-Saloum » une initiative majeure dans la mise en œuvre de notre rêve commun : faire sortir les chercheurs de leurs stations, créer une alternative au modèle classique : la recherche innove, et la vulgarisation transmet le savoir.
Et voilà que tu viens de nous quitter, après un siècle d’une existence plus que bien remplie, y compris au-delà de ta retraite avec la rédaction de ton ouvrage monumental sur l’histoire de la recherche agronomique tropicale.
Je n’ai pas de doute sur le fait que tu nous as quittés sereinement. Sois certain que tu laisses une foule d’héritiers professionnels.
Au revoir René. D’ici pas très longtemps, on partagera une « caïpirinha », assis sur le bord d’un nuage, bénéficiant du sourire enchanteur de Geneviève.
Ajouter un Commentaire