Notre ancien collègue Jean Bourdeaut, est décédé le 26 décembre 2017, à l’âge de 78 ans, des suites d’une longue maladie.
Né le 27 mai 1939 à Saint Géréon en Loire-Atlantique de parents viticulteurs, Jean n’avait pas souhaité poursuivre l’activité familiale et devenir producteur de muscadet.
Diplômé de l’école d’agriculture de la Mothe Achard, il fait son service militaire au Sénégal où il ressent l’appel du Sud. Répondant à une petite annonce de l’Institut des fruits et agrumes coloniaux (Ifac), il est recruté par cet institut en mai 1961 en qualité d’agent technique agricole pour une affectation au Congo (Brazzaville). Sur la station isolée de Loudima dans la vallée du Niari, dirigée par François de Larousillhe et Claude Moreuil, il se familiarise avec le métier de pépiniériste et avec la conduite d’un verger de fruitiers tropicaux, notamment de manguiers. Il y restera jusqu’en octobre 1963, date à laquelle il devient « agronome fruitiers » sur la station d’Azaguié en Côte d’Ivoire, alors dirigée par Jean-Marie Charpentier. Pendant 11 ans, aux côtés d’autres chercheurs spécialistes des bananiers tels que Jean-Paul Meyer, Alain Pinon, Michel Beugnon, Jacques Godefroy, Pierre Martin-Prevel, il perfectionne les techniques de multiplication des fruitiers ligneux et contribue largement à leur développement en Côte d’Ivoire.
Fort de son expertise, il est appelé à compléter l’équipe de recherche d’autres instituts présents sur la station d’Abomey au Bénin de janvier 1975 à octobre 1976.
Après ce court séjour, Jean saisit l’opportunité qui lui était offerte par le directeur de l’Irfa de l’époque, Jean Cuillé, et le chef de programme fruitiers, Jean-Pierre Gaillard, pour prendre la direction du projet national fruitier du Burkina Faso, projet qu’il mènera à son terme de novembre 1976 à janvier 1987. Avec le concours d’une équipe d’ingénieurs-chercheurs du Cirad-Flhor (Jean-Paul Lyannas, Thierry Goguey, Christine Roussat, Joël Kaplan, Claude Vuillaume…) et avec autant de cadres nationaux, il a créé de toutes pièces un réseau de stations de recherche-développement et de pépinières régionales (Bazéga, Guénako, Kou, Diebougou). Le succès de ce projet a eu d’importants impacts sur l’approvisionnement régulier des marchés urbains en fruits tropicaux, permettant au Burkina de s’affranchir des importations de Côte d’Ivoire et de créer, avec l’expertise de Jean-Jacques Baraer, un terminal fruitier sur le périmètre de l’aéroport de Ouagadougou, pour l’exportation de mangues et de limes en Europe et au Moyen Orient.
Après ce dernier séjour africain, Jean Bourdeaut est affecté, de février 1987 à avril 1990, en Nouvelle-Calédonie pour y animer, à la suite d’Alain Haury, l’équipe de recherche du département Flhor (avec notamment François Mademba Sy et deux cadres calédoniens) agissant principalement sur la station de La Foa.
De mai 1990 à juin 1994, Jean prend la direction du dispositif de recherche du Cirad-Flhor en Martinique (à Moutte et Rivière Lézarde) principalement orienté sur la filière banane et secondairement sur l’ananas et autres fruits tropicaux. Il a accueilli sur la station de Moutte la première direction régionale du Cirad pour la Martinique et la Guadeloupe, en la personne de Jean Servan.
Il termine sa carrière au Vietnam de juillet 1994 à septembre 1999 comme premier chercheur du Cirad-Flhor dans ce pays et premier délégué du Cirad. Au cours de son affectation, il a su s’attirer la confiance des autorités vietnamiennes ce qui a contribué, après son départ, au développement de la présence du Cirad en partenariat dans de nombreuses filières et disciplines scientifiques. Dans le domaine des fruitiers notamment, un partenariat durable s’est établi à partir de la station de Long Dihn placée sous la direction du Dr Chau et l’appui de Philippe Cao Van ayant des conséquences visibles sur le développement de l’agrumiculture dans le delta du Mékong.
Jean Bourdeaut a pris sa retraite en janvier 2000. Il laisse le souvenir d’un collègue ayant construit avec opiniâtreté et engagement, une expertise reconnue dans le domaine des arbres fruitiers tropicaux, doublée d’un souci permanent de transmettre son savoir à ses collègues africains et aux professionnels de la filière fruits.
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