Notre collègue Michel Beugnon est décédé le 26 août 2023, à Pessac près de Bordeaux dans sa 90e année.
Michel est né le 7 novembre 1933 à Thouars (Deux- Sèvres) de parents instituteurs. Durant toute sa jeunesse, il réside comme son unique sœur cadette à Bouillé Loretz (79) . En 1957, il termine ses études, titulaire (dans la 48e promotion) du diplôme de l’Ecole supérieure d’agriculture de Tunis, anciennement Ecole coloniale d’agriculture de Tunis (ECAT) réputée pour ses enseignements en agriculture tropicale et méditerranéenne.
En 1959, à l’issue de son service militaire en Algérie, il est recruté par l’Institut des fruits et agrumes coloniaux (Ifac) dirigé à l’époque par Richard Guillerme, et affecté sur la station centrale de l’institut à Foulaya, près de Kindia, en Guinée, en qualité d’agronome. Il est placé sous l’autorité scientifique de Jean Champion, chef du programme de recherches sur les bananiers.
De 1959 à 1961, ses travaux portent principalement sur l’amélioration des systèmes de culture du bananier en réponse à la demande des planteurs de bananiers de Guinée.
De 1961 à 1966, il est affecté à la station Ifac d’Azaguié en Côte d’ivoire, dirigée par Jean- Marie Charpentier. En collaboration avec Jacques Godefroy, Pierre Martin-Prével et Jean Marie Charpentier les recherches de Michel se concentrent sur la fertilisation, les carences minérales du bananier et plus généralement les processus d’intensification de la culture dans les conditions de sols variés de Côte d’Ivoire. Sur la station, il côtoie Jean Bourdeaut, agronome fruitiers divers, Jacques Godefroy, agropédologue, et sur la station de l’Anguédedou Alain Sizaret, François Pointereau, Rémy Guérout…
De 1966 à 1969, il est affecté à la station d’Ekona au Cameroun occidental anglophone (intégré dans les structures de la Commonwealth Development Corporation (CDC) ) . Il est chargé de recherche sur les bananiers sous la responsabilité locale de Peter Shearing et de John Robertson. En liaison avec la station Irfa de Nyombé au Cameroun oriental (Philippe Melin) il gère de multiples essais au champ (périmètres de Lyssoka et Tiko) portant sur les systèmes de culture et la lutte contre les charançons. Par ailleurs, avec le concours de Jean-Pierre Gaillard, il met en place un premier processus de diversification fruitière à différentes altitudes. Il sera remplacé par Bernard Aubert.
De 1969 à 1974, il est nommé en qualité de directeur et agronome de la station de recherche d’Ivoloina, près de Tamatave, à Madagascar. Sous la responsabilité de Bernard Moreau directeur de l’Ifac à Madagascar, il dirige la station, où travaillait déjà Claude Moreuil en charge de la pépinière et des fruitiers divers, mais gère aussi un périmètre de production de bananes dont l’objectif est l’adaptation aux conditions malgaches de la côte est de l’ile des acquis agronomiques ivoiriens et camerounais. L’éloignement des marchés d’exportation (voie maritime pour l’Europe) l’ont conduit à revisiter, avec le concours de Robert Deullin les points de coupe et températures des fruits durant le transport.
De 1974 à 1978, retour en Côte d’Ivoire, détaché comme conseiller auprès de la Cofruitel. Dans cette importante coopérative, il dirige le service phytosanitaire et procède à la modernisation des stations de conditionnement des bananes d’exportation.
De 1978 à 1979, il est chargé de mettre en place un projet de développement de la culture du bananier en milieu paysan en Casamance (Sénégal) financé par le FED. Les remontées de sel dans les bolons et la gestion des besoins en eau constituaient les principaux facteurs limitants à cette culture destinée au marché domestique.
De 1979 à 1983, deuxième retour en Côte d’Ivoire pour diriger la station d’Azaguiè.
De 1983 à 1990, affecté par le directeur de l’Irfa Jean-Marie Charpentier au poste de directeur du dispositif du département Irfa en Martinique (Moutte et Rivière-Lézarde) en remplacement d’Alain Guyot. L’équipe de chercheurs sur bananiers, ananas, agrumes et fruitiers divers dont il a la responsabilité est composée de Philippe Melin, Roland Cottin, Francois Mademba Sy, Franck Marie, Philippe Marie, Alain Pinon, Benoit Dave et Micheline Dormoy.
De 1990 à 1992, il termine sa carrière à Montpellier au service de documentation du département Flhor dirigé par Bernard Moreau. Pour une courte période, avant de prendre sa retraite anticipée dans le cadre du fonds national de l’emploi (FNE), il assiste Chantal Loison rédactrice en chef de la revue Fruits.
Michel Beugnon, dans le contexte des années 1960-1990, est l’archétype de l’agronome généraliste de terrain, trait d’union entre les chercheurs thématiques, les techniciens des organisations professionnelles et les planteurs de bananiers. Dans cet espace, il a principalement publié des fiches techniques et notes de recommandations, appréciées des utilisateurs, et quelques articles dans la revue Fruits.
Au-delà de l’agronome à l’esprit pionnier du sud tropical, on ne peut oublier l’homme attachant empreint d’une cordialité et hospitalité sans limites à l’image de Françoise (assistante de direction à l’Ifac Guinée) qu’il a épousée à Kindia en 1961. Ensemble ils ont eu deux filles, Sophie et Hélène, nées à Abidjan.
Passionné par ses activités, il avait le talent de la transmission des savoirs auprès des producteurs de bananes africains et malgaches. Discret, c’était un homme curieux et cultivé bien au-delà des sciences agronomiques ; culture et valeurs morales qu’il partageait avec ses filles et petites-filles.
Que sa famille, ses filles et petites filles (Lorelei, Maylis, Maelann, Enora) soient assurées de notre sympathie et reconnaissance à notre collegue Michel Beugnon.
Il repose désormais auprès de son épouse « Fanchon » au cimetière Féolles de Thouars (Deux-Sèvres).
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