Notre ancien collègue, Michel Pescay, nous a quittés le 26 février 2021 dans son département natal des Landes, où il était retourné vivre, « comme les vieux éléphants » aimait-il à dire.

Né en 1935, Michel Pescay a fait la plus grande partie de sa carrière à la Sedes (Société d’études pour le développement économique et social), créée par le gouvernement français en 1958 pour accompagner les nouveaux Etats africains indépendants.

Recruté en 1962 pour partir en Côte d’Ivoire, il restera à la Sedes pendant près de trente ans. Il rejoindra le Cirad en 1993 au sein du département Sar (Systèmes agro-alimentaires et ruraux) et de l’unité Isaa (Innovations dans les systèmes agro-alimentaires et ruraux), puis du département Tera et son programme Agricultures familiales.

La Côte d’Ivoire a profondément marqué la vie et la carrière de Michel Pescay. Sociologue de formation, il a fait partie de l’aventure des grandes études régionales de diagnostic socio-économique, pilotées par le ministère du Plan après l’indépendance. C’était l’époque où des équipes multidisciplinaires mettaient en œuvre des dispositifs d’enquête pluriannuels avec des degrés de finesse d’analyse qui seront difficilement égalés par la suite.

Michel sera partie prenante de l’étude de la Région Centre, puis coordonnera toutes les enquêtes sociologiques de la Région Sud-Est, qui feront de lui un spécialiste reconnu du monde Akan. Au fil des années, il continuera à analyser le contexte ivoirien et sera de l’aventure du Projet motorisation paysanne (PMP), à compter de la fin des années 1970, qui verra collaborer les équipes de la Sedes, de l’Irat et du Ceemat. Le PMP sera un des rares projets de recherche-développement d’envergure nationale, articulant des opérations-pilote dans les différentes régions du pays afin d’accompagner la modernisation des exploitations agricoles.

Parallèlement à ses activités ivoiriennes, Michel Pescay effectuera de nombreuses missions dans toute l’Afrique de l’Ouest (Guinée, Mali, Burkina Faso, Bénin, Niger), qui sera indéniablement sa région de prédilection, mais aussi au Cameroun, au Gabon et en Guinée équatoriale. En regard de son « épicentre » ouest africain, il fera une longue échappée de deux années en Arabie saoudite – qui ne sera pas son meilleur souvenir professionnel – en participant à une énorme étude socio-économique sur la modernisation du royaume.

Progressivement, Michel Pescay s’est spécialisé dans l’analyse des questions foncières. Il commencera une nouvelle carrière dans la recherche au Cirad, avec une attention particulière à la mise en œuvre des connaissances sur les sociétés rurales dans le cadre des politiques et des interventions publiques. Il jouera un rôle important dans les différentes opérations pilotes de Plans fonciers en Côte d’Ivoire et au Bénin, qui poseront les bases de nouvelles régulations en matière de gestion du foncier et des ressources naturelles, et contribueront à ouvrir un nouveau champ de recherches au Cirad. Plus largement, il sera partie prenante des travaux qui éclaireront les stratégies des paysans et leurs motivations, au-delà de la stricte composante foncière. Il décentrera son regard au-delà de l’Afrique de l’Ouest pour analyser la réforme foncière à la Réunion et son rôle dans l’émergence d’une agriculture familiale, et pour appuyer le projet de recherche-action de l'Ouest guyanais.

D’une compétence unanimement reconnue, toujours soucieux de rendre compte le plus justement possible des résultats de ses observations de terrain et de ses analyses, Michel était aussi un bon vivant, appréciant la vie et les bonheurs qu’elle peut procurer. Il était amateur de bonne chère et en particulier des palombes, comme tant de Landais, des tapas et des maquis d’Adjamé... Danseur de rumba reconnu, amateur de la musique de Treicheville, il était aussi habitué des ferias et observateur vigilant d’une tauromachie exigeante.

Michel laisse derrière lui sa famille franco-ivoirienne, ses enfants et petits-enfants, qui s’étaient installés à Bordeaux à sa grande joie. Il laisse aussi de très nombreux amis qui garderont le souvenir des longs repas conviviaux où se débattait « del più e del meno » jusqu’à ce qu’il « demande la route ».

Heureux ceux qui l’ont connu...

Michel Eddi
Président directeur général

 


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