Notre collègue et ami, Claude Jannot, nous a quittés brutalement le 10 mars 2021 dans sa 73e année, alors qu'il était en mission de conseil auprès de planteurs de palmier à huile au Cameroun.Le palmier et l'Afrique : une culture, un continent, qui résument toute sa vie ! Frais émoulu de l'Institut national agronomique de Paris, s pécialité économie des entreprises, il débarque à 22 ans pour assumer son service militaire comme coopérant sur la station de recherche palmier de l'IRHO à La Mé, en Côte d'Ivoire.

Il ne connaît rien de cet oléagineux exotique mais il va vite apprendre et mettre à contribution ses talents pour faire profiter les autres de cette plante au potentiel extraordinaire. Une année à La Mé, au département sélection du palmier puis, revenu en Côte d'Ivoire à titre civil, une autre sur la station Marc Delorme pour se familiariser avec le cocotier et le voilà bien armé pour atterrir en janvier 1973 à Palmindustrie qui plante et exploite justement le palmier et le cocotier, et déployer ainsi son savoir-faire d'agroéconomiste.

C'est l'époque du « miracle ivoirien » et le développement de la culture agro-industrielle du palmier par l'intermédiaire de cette société d'Etat a le vent en poupe. Démarrée au début des années 60, ces plantations atteindront 60 000 hectares à la fin des années 70 avec son concours efficace dans les relations avec les bailleurs de fonds, la préparation des dossiers de financement, la programmation à long terme de la politique agricole et industrielle de l'établissement, l'évaluation économique des progrès technologiques…

En 1983, la Sodepalm, société d'Etat qui gérait les plantations villageoises de palmier, est rattachée à Palmindustrie, ce qui donne un second souffle au plan palmier avec un cumul de ces petites plantations qui passe de 50 000 ha à 200 000 ha en moins de 10 ans. Il s'intéressera alors tout spécialement à la dynamique de ces plantations familiales établies dans toute la Basse Côte d'Ivoire, en s'emparant de l'outil informatique naissant qu'il maîtrise aisément. Ses analyses statistiques socio-culturelles des petites exploitations, plongées dans cette nouvelle culture difficile à maîtriser, sont d'une grande utilité pour leur encadrement sur le terrain.

Il doit quitter Palmindustrie, en voie de privatisation, en janvier 1995. Puis, mis à la disposition de la Sifca, il monte le dossier de réponse à l'appel d'offres pour la reprise d'une partie de la société d'Etat qui donnera le jour à la société Palmci.

C'est en octobre 1996 qu'il amorce sa pérégrination dans plusieurs départements du Cirad autour de l'analyse des systèmes de culture et de toutes les composantes socio-économiques quelle que soit la dimension des exploitations. Il en profite pour élargir ses compétences à l'ensemble des cultures rencontrées localement et propose ses compétences dans plusieurs pays. Soit en étant en poste pendant 2 ou 3 ans, comme au Cameroun à l'Institut international pour l'agriculture tropicale, comme en Guinée en tant que conseiller scientifique du centre de recherche de Seredou, soit par de très nombreuses missions principalement en Afrique (Bénin, Cameroun, Centrafrique, Ghana, Nigeria, Sierra Leone) mais aussi en Equateur et Indonésie.

Retraité en janvier 2014, il fonde sa société Tropic@venir  spécialisée dans le conseil en développement rural pour les pays tropicaux. C'était une façon pour lui de continuer à mettre toute son énergie au service du développement, sa vie… Il aura aussi consacré ces dernières années à la création d’une plantation au Cameroun. Situé dans une zone isolée qu'il se plaisait à nommer « Guantanamo » tant les conditions de vie y étaient difficiles, ce projet le passionnait car il représentait encore une nouvelle expérience pour l’homme curieux qu’il a toujours été.

Tâche difficile que d'appréhender de façon exhaustive sa riche personnalité multi-facettes. Un homme aimable, gentil, astucieux, à l'intellect puissant (Le plus intelligent de nous tous à Palmindustrie, dixit son DG !), masqué par un dilettantisme apparent. Toujours sur la brèche, toujours à l'affût d'idées nouvelles, toujours une solution à proposer, toujours prêt à rendre service mais difficile à saisir tant il était sollicité… Ceux de ses collègues qui ont eu la chance de partager des missions avec Claude en gardent tous un excellent souvenir tant il était en permanence à l’écoute, curieux en plus d’être un compagnon agréable et toujours bienveillant. Ce n'était pas le palmier qui le passionnait mais l'homme qui le cultivait, qu'il en ait un hectare ou des milliers : quelle est la meilleure solution dans son cas ?

C'est avec beaucoup d'émotion et de peine que nous rendons hommage à Claude Jannot. Nous présentons toutes nos condoléances à sa famille qui a partagé avec lui une bonne partie de cette saga essentiellement franco africaine au long cour

 

 


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