Nous avons appris le décès le 28 décembre 2018 de Serge Hernandez, à Nanterre, à l’âge de soixante et onze ans. Pour beaucoup de Ciradiens, il n’est pas connu, pourtant, pour les collègues de l’Irat des années 70 et début 80, son souvenir est vivace.
Il ne passait pas inaperçu avec la personnalité et le physique de catcheur qu’il avait. Je l’ai connu quand nous avons été affectés en même temps en tant que VSN à Séfa au Sénégal en 1973. Nous avons alors été très proches. Venant de terminer ses études à l’École nationale supérieure d'horticulture de Versailles, Serge était chargé en Casamance d’essais de malherbologie et de contrôle des mauvaises herbes en milieu paysan. Dans la station perdue en brousse où nous étions, lui et moi partagions la même popote avec Sitapha Diatta et Olivier Neuville. Dans notre isolement, il était important d’avoir une bonne entente entre nous. Serge s’y employait par sa bonne humeur, son entrain, sa gentillesse. En raison de ses origines toulousaines qu’il revendiquait haut et fort, il considérait que le rugby et la bonne chère devaient tenir une grande place dans l’existence. Il travaillait à nous en convaincre et, pour cela, il payait de sa personne. Ainsi, il avait pris en main le ravitaillement de la popote et il n’avait pas son pareil pour nous trouver, à Ziguinchor notamment, des produits rares et de qualité. Au terme de notre année de VSNat, nous nous sommes séparés, moi partant au Niger pour l’Irat. Quand je suis revenu au Sénégal, marié avec Dominique, je l’ai retrouvé malherbologue à Bambey, lui ayant épousé Saradha (ingénieur horticole de Versailles comme lui). Nous avons eu nos enfants en même temps et nous avons partagé en famille des vacances au Cap Skiring (au Sénégal) ou dans les Alpes. Les souvenirs communs ne nous manquent pas, tous bons et certains cocasses. En plus d’être resté toujours aussi optimiste que généreux et dévoué, Serge se montrait en plus un père présent et attentionné. Nous avons quitté Bambey en 1982. De son côté, Serge allait démissionner de l’Irat. Commençait alors pour lui une vie difficile, dans des postes expatriés à risque, sans sa famille. Il avait le sang chaud et les circonstances l’ont amené à faire le coup de poing contre des collègues partenaires où même contre des représentants de l’ordre. Bien sûr, cela a desservi sa carrière et atteint son optimisme. Aujourd’hui, j’ai peine à croire qu’il est parti, lui qui débordait de vitalité et de dynamisme. Je pense avec beaucoup d’émotion à tout ce qu’il nous a apporté et regrette de n‘avoir pu récemment lui faire part de notre estime et notre sympathie à son égard. Ces quelques lignes veulent, à défaut, rendre à Serge un modeste hommage et témoigner à sa famille que nous la soutenons dans ces circonstances douloureuses.
Jacques Chantereau
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