Griffon Dany

La chanson de Brassens « L’auvergnat » nous a rappelé en introduction sa naissance. Un prêtre malgache a officié avec beaucoup de simplicité. Beaucoup de ferveur et d’émotion aussi ; notamment quand les 4 petits enfants (16, 8, 6, 3 ans) ont déposé une bougie sur le cercueil.

À l’issue de la cérémonie toute simple, en souvenir de Dany, sur le parvis de l’église, sous un temps gris, un peu de bière a été servie et les membres de l’assistance ont pu échanger leurs souvenirs.

Dany incarnait une partie de l’histoire du Gerdat/Cirad

Ingénieur de l’école de brasserie de Nancy (aujourd’hui Ensaia), il est arrivé à Montpellier en 1977 après 7 ans de coopération militaire puis civile à Lubumbashi (ex Élisabethville) au Katanga province de la République démocratique du Congo (RDC). Sa mission : créer une école sans murs et sans professeurs ! L’aventure de la Siarc (Section Ingénieur Agroalimentaire pour les régions Chaudes) commençait.

Deux précurseurs avaient rêvé d’unir la toute jeune filière d’ingénieurs agroalimentaires de l’université de Montpellier avec la bien établie Ensaia (Massy, Douai) pour former les cadres des industries agroalimentaires des régions chaudes en s’appuyant sur une structure de recherches, le Gerdat : leurs noms Jean-Michel Clément et Hervé Bichat. Dany, avec l’appui de Louis Malassis, alors directeur de l’IAMM, réussissait ce challenge. En 1979, Jean-Paul Hébert, enseignant de la chaire de brasserie de Douai, venait le rejoindre à Montpellier pour conforter la Siarc : un duo inséparable pendant plus de 40 ans s’est alors constitué.

Dany est alors rentré au Ceemat et devenait un pionnier, un fédérateur, un animateur pour développer la filière agroalimentaire du Gerdat. Toute une génération d’ingénieurs, de chercheurs doit beaucoup à Dany Griffon puisqu’il est à base de la construction, en 1986, de la halle de technologie et, dans sa continuité, de la Maison de la technologie. Parallèlement, il reprenait les résultats de ses recherches au Zaïre en les complétant par une étude transversale des technologies autochtones pour présenter une thèse à l’université de Nancy. Sa contribution à l’étude des alternatives technologiques de saccharification enzymatique des substrats amylacés tropicaux en 1985 restera confidentielle avant de rejaillir vers les années 2010, ce qui lui vaudra une reconnaissance dans le milieu brassicole.

Dany a poursuivi sa carrière en associant les industriels au travers d’une association locale, Gridamet, qui sera le germe de notre unité de recherche « QualiSud ». Homme clé pour l’organisation des recherches, fort de son expérience au sein des départements liés à l’agroalimentaire, il est alors chargé d’une mission transversale pour instaurer une démarche qualité au sein du Cirad.

À la retraite avec son collègue Hébert, il est de nouveau pionnier en publiant en 2010 chez la nouvelle société d’édition Quae un ouvrage : « Toutes les bières moussent elles ? » Une nouvelle mouture de 2019 sera élue 1^er best in the world en mars 2020 par une www.bookcookfair.com

Dany : un homme de conviction aux qualités humaines incomparables.
Toute sa vie Dany a été un fidèle serviteur du Cirad en veillant à développer des contacts avec des partenaires extérieurs. Sa proximité avec les enseignants a aussi permis le développement de formations agroalimentaires basées sur les concepts du génie industriel alimentaire. Sa proximité avec les industriels, la reconnaissance du milieu brassicole ont fait de lui un bel ambassadeur du Cirad, de ses valeurs et de sa mission.

Sous des airs tranquilles et souriants, Dany était un homme de conviction et d’opiniâtreté. Il savait porter et défendre ses projets avec la volonté de convaincre et d’expliquer. Disponible et altruiste, il inspirait le respect et l’affection amicale de tous. Tous ceux qui ont eu la chance de travailler avec lui, lui reconnaissent des qualités humaines incomparables. Fort de ces grandes qualités humaines, il s’est investi dans la fin de sa carrière dans le développement de l’évaluation et de l’assurance qualité des processus. Le Cirad lui doit beaucoup et il restera, pour tous ceux qui l’ont connu, un collègue de travail que l’on n’oublie pas. Au nom du Cirad, je présente à sa famille et à ses proches, nos plus sincères condoléances et notre soutien dans l’épreuve qu’ils traversent. 

Hommage de Jean-Paul Hébert

 

 

                                                                                           Dany, Léo GRIFFON

                                          Echandelys (63) 11/11/1945                                          Juvignac (34) 02/02/2021

 

Retracer la mémoire de Dany Griffon, c’est écrire une page d’histoire du Gerdat et du Cirad de 1980 à 2010. Homme de convictions et de dialogues, son nom sera attaché au développement de l’axe génie et technologie alimentaires, à la création de la halle de technologie et de la maison la technologie en s’appuyant sur sa proximité avec les enseignants de l’Ensia (Massy, Douai) et de sa Section ingénieurs agroalimentaires pour les régions chaudes (Siarc) de Montpellier. Par la suite il a été chargé d’une mission transversale pour instaurer une démarche « qualité ». À la retraite, avec son ami de 40 ans Jean-Paul Hébert, il a écrit des livres consacrés à la bière.

 

Avant Montpellier : Lubumbashi (ex-Elisabethville) au Katanga ex-Zaïre

Né en 1945 à Echandelys (63) Dany Griffon restera fidèle à ses racines auvergnates où seront dispersées ses cendres en 2021.

1966-1969 : Ingénieur de l’école de Brasserie de Nancy (aujourd’hui Ensaia), il est de 1970–1977 coopérant et commence des recherches sur le munkoyo, une bière autochtone locale.

Une arrivée à Montpellier sous le signe de l’audace : la Siarc

De retour d’Afrique, en 1977, Dany Griffon est chargé par Jean-Michel Clément directeur de l’Ensia (Massy Douai) de la mise en place d’un cycle de formation de cadres agroalimentaires. L’aventure Siarc commence. En 1979 Jean-Paul Hébert, enseignant Ensia, transfuge de la chaire de brasserie de Douai, vient l’épauler pour développer cette filière novatrice.

Dany et Jean-Paul formeront un duo d’amis fusionnels de 40 ans. En 1980, Dany est affecté au Ceemat nouvellement transféré d’Antony à Montpellier.

L’émergence et le développement du GTAA (Génie et Technologies Agro-Alimentaires)

La halle et la maison de la technologie

A la fin des années 70, Hervé Bichat confie au Ceemat la mission de développer des activités transversales pour la maîtrise des procédés et des équipements. Dany Griffon en sera l’artisan sous le vocable GTAA (Génie et technologie agro-alimentaires). Afin d’intégrer le Gerdat au tissu industriel local est créé Gridamet (Groupement recherche-industrie pour le développement de l’agronomie méditerranéenne et tropicale). Dany en est le secrétaire général en 1985. Ce groupement évoluera, sera le précurseur de Qualisud qui assure toujours la pérennité de l’insertion du Cirad dans la dynamique régionale.

Le 11 février 1986 sont inaugurés en présence du maire Georges Frêche la halle de technologie (1260 m²) et des bureaux (240 m²). En 1989 la maison de la technologie complètera le dispositif.

Les titres et fonctions de Dany Griffon évoluent en fonction des restructurations du Cirad mais l’axe reste toujours le même : écouter, animer, développer, structurer la recherche en agro-alimentaire, en privilégiant les relations non seulement entre les départements du Cirad mais encore avec les institutions extérieures.

Années 2000, un nouveau challenge : instaurer une démarche qualité

Homme clé pour l’organisation des recherches, fort de ses expériences des départements liés à l’agro-alimentaire, il est chargé en 1999 d’une mission transversale pour instaurer une démarche qualité au sein du Cirad. En 2004, il est rattaché à la direction scientifique. A partir des premières données établies par des comités de visite extérieurs, il élabore et met en place des procédures pour l’évaluation des unités de recherche. En 2007, la direction scientifique devient direction de la recherche et de la stratégie ; Dany reste en charge des évaluations des unités de recherche.

Lors de son pot de départ en retraite, le 15 octobre 2010, entouré de sa famille et de ses amis il rend un hommage appuyé à ses collaboratrices qui l’ont accompagné pendant ces 30 années consacrées au Cirad.

Dany Griffon : l’ingénieur brasseur et 10 ans pour diffuser la culture bière

Dany Griffon intègre l’école de brasserie en octobre 1966, fidèle à son école d’origine, sa rencontre avec son directeur Jean-Michel Clément en mission au Zaïre est déterminante. A Montpellier il a à cœur de prolonger sa réflexion et de capitaliser ses recherches sur le munkoyo sous forme d’une thèse qu’il présente à Nancy le 26 octobre 1985. Sa Contribution à l’étude des alternatives technologiques de saccharification des substrats amylacés tropicaux sera relayée 20 ans plus tard sur les réseaux sociaux par Beer-Studies. L’originalité de ses réflexions lui vaudra l’estime et la reconnaissance des brasseurs et de nombreux followers.

A la retraite, avec son ami Hébert, il publie aux éditions Quae : en 2010, Toutes les bières moussent-elles ?, en 2013 une publication électronique avec 2000 hyperliens, Des bières et des hommes. En 2019, la nouvelle mouture du livre sera élue 1^st best in the world par les 25^émes Gourmand Awards considérés comme les oscars délivrés aux meilleurs livres mondiaux consacrés à la Gastronomy, Food and drink culture par www.cookbookfair.com

Dany Griffon : un homme de conviction aux qualités humaines incomparables

Michel Eddi, président directeur général du Cirad, rendait hommage à Dany en ces termes :

Toute sa vie Dany a été un fidèle serviteur du Cirad en veillant à développer des contacts avec des partenaires extérieurs. Sa proximité avec les enseignants a aussi permis le développement de formations agroalimentaires basées sur les concepts du génie industriel alimentaire. Sa proximité avec les industriels, la reconnaissance du milieu brassicole ont fait de lui un bel ambassadeur du Cirad, de ses valeurs et de sa mission.

Sous des airs tranquilles et souriants, Dany était un homme de conviction et d’opiniâtreté. Il savait porter et défendre ses projets avec la volonté de convaincre et d’expliquer. Disponible et altruiste, il inspirait le respect et l’affection amicale de tous. Tous ceux qui ont eu la chance de travailler avec lui, lui reconnaissent des qualités humaines incomparables. Fort de ces grandes qualités humaines, il s’est investi dans la fin de sa carrière dans le développement de l’évaluation et de l’assurance qualité des processus. Le Cirad lui doit beaucoup et il restera, pour tous ceux qui l’ont connu, un collègue de travail que l’on n’oublie pas.

Jean-Paul Hébert