C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de notre ancien collègue Jean-Marie Eschbach, au matin du 2 mars 2022, à l’âge de 76 ans.
Dans la mémoire professionnelle du Cirad, il restera l’un des grands spécialistes de la mise au point et du développement des techniques modernes d’exploitation de l’hévéa, par la valorisation des recherches développées au Vietnam puis à l’IRCA sur la physiologie du système laticifère de l’arbre à caoutchouc. A partir de 1995, il s’était pourtant réorienté avec détermination vers le domaine de la recherche-action au service des plantations villageoises jusqu’à son départ en retraite en 2009.
Jeune agronome arrivé en Côte d’Ivoire sur la station IRCA de Bimbresso en 1971 comme volontaire du service national, il consacrera la quasi-totalité de sa carrière à l’hévéa, si l’on excepte une année consacrée dans les Landes au gemmage du pin, puis trois années à l’IRHO sur la station de La Mé en Côte d’Ivoire. Participant d’abord à la mise en place d’expérimentations sur les clones et les interactions porte-greffe x greffon, il s’associe ensuite aux physiologistes pour tirer le meilleur parti de la technique de stimulation éthylénique et mettre au point le diagnostic latex, puis joue un rôle de premier plan dans l’application de ces méthodes au pilotage de l’intensité d’exploitation des plantations. Il est ainsi le premier à tester des fréquences de saignée réduites (tous les 7 jours) à très réduites (tous les 14 jours) en vue d’augmenter la productivité du travail des saigneurs. De 1993 à 1995, il est affecté en Indonésie (Sumatra) comme expert Cirad pour le développement de l’ensemble de ces techniques, où il apporte en particulier une contribution significative à la réduction de l’incidence du « brown bast » (encoche sèche nécrotique) en mettant en évidence l’influence des balancements annuels des panneaux de saignée. De retour à Montpellier, il conjugue une activité d’expertise sur trois continents dans son domaine de prédilection, les systèmes de saignée de l’hévéa, avec un investissement considérable dans le domaine nouveau pour lui du développement des plantations villageoises, principalement au Vietnam et au Cambodge. Par un approfondissement continu de la maîtrise de son métier, il acquière ainsi auprès des bailleurs de fonds et des opérateurs de développement une reconnaissance internationale dans le domaine de l’hévéaculture. Sur le lieu de vie partagée du centre de Bimbresso, ses collègues et amis avaient parfois à affronter sa rigueur exigeante, aussi bien dans le travail que sur le cours de tennis, mais ont grandement bénéficié de son héritage scientifique et technique, et de sa lucidité critique sur les limites de certaines recherches. A partir de 2009, sa retraite lui a permis de s’épanouir dans de nouvelles activités culturelles et sportives (théâtre, histoire de l’art, botanique, golf, vélo). Avec une pensée particulière pour son fils aîné Antoine trop tôt disparu, nous adressons nos sincères condoléances et nos amicales pensées à ses enfants, Matthieu, Laure et Sophie, et à ses proches.
Elisabeth Claverie de Saint-Martin
PDG
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