C'est avec une très grande tristesse que je dois vous faire part du décès de notre ancien collègue Gabriel de Taffin de Tilques, survenu le 8 avril, dans sa soixante-douzième année.Depuis le début des années soixante-dix, le nom de "Taffin" comme nous l'appelions tous avec respect et affection, demeure lié des travaux de recherche et de développement de grande qualité, conduits initialement au sein de l'IRHO, par le Cirad ensuite, sur le cocotier et le palmier à huile, travaux qui ont renforcé, dans ces domaines, notre réputation scientifique et notre savoir-faire, aujourd'hui encore internationalement reconnus.
Gabriel est né en Mai 1945. Diplômé d'agronomie générale de l'ENSA de Grignon en 1968, titulaire d'un diplôme d'ingénieur de la même école dès 1969, il obtient la même année un DEA en entomologie agricole à la faculté des sciences d'Orsay et, en 1970, un diplôme de l'ORSTOM dans la même discipline. Cette formation confirme alors l'orientation professionnelle qu'il souhaite imprimer à sa carrière en faveur de l'agronomie tropicale, que sa formation initiale, son statut de boursier de l'IRHO (octobre 1968-septembre 1969) puis son premier stage en Côte d'Ivoire en Octobre 1969, ajoutés à son inclination personnelle, avaient déjà largement contribué à déterminer.
Gabriel a conduit la totalité de sa carrière en expatriation. VSN de novembre 1969 à mars 1971, il est, dans le même temps, assistant de recherche puis directeur de la station de recherches IRHO sur le cocotier de Sème-Podji au Bénin. A partir d'avril 1971 et jusqu'en 1973, il devient assistant de recherches sur la station de recherches IRHO sur le palmier à huile de Pobé au Bénin. De novembre de la même année jusqu'en 1990, il est successivement conseiller technique auprès de la société Béninoise du Palmier à huile (SOBE PALH), directeur de la station IRHO de Pobé, (1973-1977) directeur de la station IRHO sur le cocotier de Saraoutou au Vanuatu (1977-1979), puis directeur de la célèbre station de recherches sur le cocotier "Marc Delorme" en Côte d'Ivoire (1979-1990).
A partir de cette date, sa carrière connait une inflexion de nature plus institutionnelle : de mars 1991 à avril 1993, il devient conseiller technique au ministère de l'agriculture des îles Fidji, détaché par le ministère des Affaires Étrangères et "team leader" du "Fidji coconut rehabilitation project" financé par l'Union européenne. Il est alors nommé correspondant du Cirad aux îles Fidji et conseiller technique du ministère de l'agriculture de Fidji (1993-1994). La dernière partie de sa carrière se déroulera dans le cadre de fonctions de représentation particulièrement importantes pour l'établissement et pour le développement de nos relations partenariales, que sa haute compétence, la diversité de son expérience et sa courtoisie légendaire ont largement contribué à forger ou à renforcer. Successivement représentant du Cirad en Indonésie (1994-2002), directeur régional du Cirad pour la Réunion et l'Océan Indien(2002-2005), Gabriel termina sa brillante carrière en qualité de Directeur Régional du Cirad pour l'Asie du Sud-Est continentale (Viet-Nam, Laos, Cambodge et Thaïlande). Il a quitté le Cirad en 2009.
A travers ses résultats et ses productions, dont une très grande part assemblés sur des terrains et dans des contextes expérimentaux d'une grande diversité, Gabriel a su enrichir sans cesse sa propre compétence, en même temps qu'il faisait profiter l'établissement et nos partenaires, de son exceptionnel capital d'expérience. Tour à tour ingénieur, directeur de stations de recherche, développeur, chercheur, (Gabriel a publié ou contribué a publier entre 1972 et 1998 une cinquantaine de publications importantes dont certaines ont acquis une notoriété internationale), conseiller avisé d'institutions partenaires dans la conduite de leurs politiques publiques, subtil représentant de notre institution dans des contextes politiques, économiques, scientifiques, humains multiples et souvent conflictuels ou dangereux, Gabriel a démontré sa grande adaptabilité et sa capacité à intégrer de manière dynamique, dans une seule carrière, la diversité de nos métiers. A ce titre et à d'autres, dont la hauteur simple de ses préoccupations éthiques et morales, sa discrétion, et la sureté sereine de ses jugements, il restera un exemple à suivre pour nous-mêmes et pour les générations de nos collègues à venir. Gabriel était Chevalier de l'Ordre national du Mérite, chevalier du Mérite agricole et Grand Croix de l'Ordre du Mérite de l'Éducation et de la Recherche Scientifique de Côte d'Ivoire.
A son épouse, à ses trois fils, à l'ensemble de sa famille et de ses proches, ainsi qu’à ses anciens collègues, j'exprime au nom de tous l'émotion et la solidarité dans l’épreuve de notre Maison, et avec nos condoléances les plus attristées, la fidélité à sa mémoire, le respect et la reconnaissance que nous devons à l’œuvre qu'il a accomplie et à son engagement sans limite au service de notre institution.
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