C'est avec émotion que nous apprenons le décès, lundi 8 janvier, de notre collègue et amie, Catherine Pannetier, chercheuse Ciradienne, à la suite d'une maladie neurodégénérative.

Au cours de ses études universitaires, Catherine a effectué un DEA d’Amélioration des plantes à l’Université d’Orsay et réalisé son stage sur la culture in vitro du haricot dans le laboratoire du Professeur Nozeran. Ses compétences acquises en culture in vitro ont été ensuite valorisées pour étudier la multiplication végétative in vitro de l’ananas en liaison avec l’Irfa.

En 1977, Catherine Pannetier a été engagée par l’IRHO et affectée à l’Orstom de Bondy dans le cadre de la création d’une équipe mixte de recherche (Orstom-IRHO) sur la multiplication végétative in vitro du palmier à huile par embryogenèse somatique. C’est après un séjour au laboratoire du Pr Toshio Murashige de l’Université de Californie que Catherine a pu établir les bases d’un protocole performant de clonage du palmier à huile in vitro. Alors que les connaissances sur les variations somaclonales étaient encore quasi inexistantes, Catherine, visionnaire et dotée d’une intuition scientifique pleine de justesse, a su par ses choix méthodologiques judicieux proposer un protocole combinant un fort taux de multiplication et un faible risque d’obtention de variants somaclonaux. Combinés avec les programmes de sélection variétale conduits par l’IRHO, ses travaux sont à l’origine de clones d’individus hybrides d’élite présentant des augmentations considérables de rendement en huile. Avec Pierre Arthuis et Yves Duval (Orstom), Catherine a largement contribué au développement du clonage du palmier à huile à l’échelle industrielle en Afrique, en Asie du Sud-Est et en France via Tropiclone (filiale du Cirad, créée en 1986 par Jean-Marie Noiret et Jacques Meunier et dirigée par Yvan Mathieu).

Catherine a dirigé l’équipe mixte IRD-Cirad de culture in-vitro des Palmacées oléagineuses (palmier à huile, cocotier) jusqu’à son déménagement dans les locaux de l’IRD de Montpellier en 1988. Cheffe d’équipe, elle était très appréciée de ses collaborateurs pour sa grande rigueur scientifique, sa franchise, son sens de l’écoute, sa bienveillance ainsi que ses qualités humaines et son dévouement au collectif.

A partir de 1988, Catherine Pannetier a rejoint l'IRCT et a été affectée au laboratoire de biologie cellulaire à l'Institut Jean Pierre Bourgin (IJPB), à Versailles, dans le laboratoire d’Yves Chupeau (INRA) pour travailler sur la mise au point de la régénération par embryogenèse somatique et la transformation génétique du cotonnier. Elle a, dans ce cadre et de façon pionnière, produit les premières plantes transgéniques au Cirad, des cotonniers porteurs de transgènes de résistance aux insectes ravageurs, codant pour des protéines entomopathogènes de Bacillus thuringiensis (Bt) ou des inhibiteurs de protéases végétaux. Ces travaux ont abouti à la mise en place, sur le site de Lavalette, du premier essai au champ autorisé par la commission du génie biomoléculaire. En parallèle à ses travaux visant l'obtention de plantes transgéniques résistantes aux insectes, Catherine s'est engagée dans l'évaluation des risques associés à la culture de cotonniers transgéniques.

Elle n'a eu de cesse ensuite d'améliorer le protocole de transformation du cotonnier et d'autres plantes (sorgho, Brachypodium...), encadrant avec talent et engagement de nombreux partenaires, thésards et stagiaires. Dans ses dernières années à Versailles, ses travaux ont porté sur la tolérance à la sécheresse du cotonnier en collaboration avec l'Institut de recherche sur le coton du Mato Grosso (IMAmt) au Brésil et la société Evogene. Ses collègues de l'Inrae de Versailles lui sont également reconnaissants du travail accompli et de son investissement dans le fonctionnement et l'animation du laboratoire de biologie cellulaire où elle secondait Yves Chupeau.

Catherine a pris sa retraite en 2015.

Nous devons beaucoup à ses recherches en ce qui concerne la culture in vitro au Cirad, et dans ses filiales, et dont les unités ont poursuivi les développements. Dans son sillage et sous sa houlette, de nombreux collègues Ciradiens ont été recrutés pour travailler sur différentes espèces et souvent formés par elle.

Dotée d’une personnalité hors pair, elle a su s’imposer par son professionnalisme en tant que première femme et première universitaire recrutée comme chercheure à l’IRHO. Ses compétences et les valeurs qu'elle portait ont largement contribué à une meilleure reconnaissance des femmes et des universitaires au Cirad.

Tous ses collègues, amies et amis, retiennent de Catherine sa ténacité, son tempérament affirmé, son dévouement au collectif, sa bienveillance et sa gentillesse ainsi que sa bonne humeur et son humour.

 


Commentaires

Pierre Arthuis
9 mois ya
Je suis très attristé de tomber par hasard sur la nouvelle du décès de Catherine Pannetier. J’avais travaillé avec elle entre 1978 et 1984 à l'IRHO et je dois dire qu’à cette époque j’avais pu apprécier sa personnalité entière et sa gouaille où l’accent de la parigote la rendait sympathique à l’ingénieur un peu carré que j’étais. Nous avions des discussions que j’appréciais beaucoup ; on pouvait être en désaccord sans que ça n’altère l’estime réciproque que nous avions l’un pour l’autre. C’était une chercheuse pleine de lucidité, avec un recours à l’intuition qui ne sacrifiait pas non plus au rationnel. J’ai apprécié cet attelage de talents. Après mes années à l’IRHO j’avais gardé des contacts avec elle, la revoyant de manières épisodiques au début des années 2000 et en 2013 ; par la suite nous sommes perdus de vue et c’est aujourd’hui que j’apprends la nouvelle de sa mort. Très triste je suis. RIP Catherine ! :cry:
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