Mes souliers africains sont tous morts à la tâche.
C’étaient des Pataugas, empeigne de coton,
Semelle en caoutchouc protégeant le talon.
Ils m’ont conduit partout, simplement, sans relâche.

Mes souliers ont souffert souvent dans les maraischaussuresdebrousse
Qu’il fallait parcourir pourtant, coûte que coûte
Pataugeant, subissant ces bêtes qu’on redoute
Moustiques ravageurs, amateurs de sang frais.

Mes souliers ont vécu dans la savane immense
Découvrant en tous lieux des hommes obstinés
Travaillant cette terre ainsi que leurs aînés
Sur la terre courbés dans un effort intense.

Mes souliers ont vécu longtemps dans la forêt
Parfois pleine de cris, parfois silencieuse.
Dans cette ombre oppressante et souvent si trompeuse.
Ils m’ont conduit partout sans peur et sans regret.

Mes souliers ont œuvré sur la terre africaine
Pour donner aux enfants du riz ou bien du mil
Pour sans doute éviter qu’ils ne fuient en exil,
Pour faire de leur vie une existence humaine.

Mes souliers de tout cœur je vous dis grand merci
Sans vous qu’aurais-je fait là-bas près du tropique ?
Sans vous je n’aurais vus tous ces gens de l’Afrique ?
Sans vous aurais-je pu voir leur sort adouci ?

Mes souliers africains qui sont morts à la tâche
Referaient le parcours s’il le fallait encor
Seulement pour les gens, oubliant le décor
Seulement pour l’Afrique avec ou sans panache.

Mes souliers africains tout là bas sont restés
Si vous en trouvez un au détour d’une route
Soyez bien convaincus qu’ils m’attendaient sans doute
Et que depuis longtemps ils sont acclimatés.

RB 22/02/2017


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